La vague d’absentéisme devient impayable

Plus l’absentéisme est élevé, plus les coûts pour les autorités sont importants. La facture s’élève à plus de 21 milliards d’euros, rien que pour les indemnités et les impôts non perçus. Sans parler des situations hallucinantes sur les lieux de travail. On a pu voir dans les médias des services d’établissements de santé, des crèches et des écoles ayant dû fermer temporairement leurs portes à cause du nombre trop important de collaborateurs absents.

Parallèlement à ces chiffres qui donnent le vertige, une prise de conscience s’opère heureusement peu à peu : la situation ne peut plus durer. Lors de mon retour des Pays-Bas en 2016 – j’y ai travaillé pendant de nombreuses années en tant que médecin du travail – les choses étaient très différentes. A l’époque, les chiffres de l’absentéisme en Belgique étaient déjà nettement supérieurs à ceux des Pays-Bas, mais personne ne semblait s’en soucier. La « guerre des talents » ne faisait pas encore rage avec autant d’intensité. Et surtout : c’est la mutuelle qui paie, non ?

Le coronavirus a changé notre vision du travail

Aujourd’hui, la situation est tout autre : presque tous les secteurs sont frappés par la pénurie de personnel, et la vague d’absentéisme commence à devenir impayable. Et puis, il y a eu la crise sanitaire : celle-ci a complètement changé notre regard sur la prévention en matière de santé et sur la façon dont nous organisons le travail et l’équilibre vie professionnelle/vie privée.

A ce moment charnière, j’étais occupé à écrire mon livre « Verzuim : maak er werk van ». J’y partage mes connaissances, mes expériences et mes réflexions des 25 dernières années. J’espère qu’il incitera les employeurs, les supérieurs hiérarchiques et les responsables RH à s’attaquer aux problèmes d’absentéisme. Ambitieux et structuré, mais surtout : sans tabous. Et oui, j’ose comparer la Belgique aux Pays-Bas.

Il est grand temps de s’attaquer à l’absentéisme

En matière d’absentéisme, une approche réussie exige une vision claire dès le départ. Pourquoi pensez-vous que la santé et le bien-être sont importants sur le lieu de travail ? Quels sont les rôles et responsabilités de chacun ? Concrètement, comment souhaitez-vous travailler sur la prévention ? Et qu’en est-il du travail adapté ?

Vous traduisez ensuite cette vision en objectifs et en mesures. Vous y incluez également des paramètres – taux d’absentéisme, absentéisme zéro, fréquence des absences, etc. – pour suivre l’impact de vos efforts. Il faut rester réaliste, mais être néanmoins ambitieux.

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Le certificat médical nuit à la relation de confiance

Parce que l’ambition doit être présente à tous les niveaux. C’est pourquoi je déplore les demi-mesures parfois proposées par nos autorités. Parmi ces mesures : la possibilité de prendre trois jours de maladie sans certificat médical. Mais vos collaborateurs savent-ils combien de fois ils ont été absents depuis le début de l’année ? Et leur médecin traitant ou leur spécialiste ? Vous êtes le seul, en tant qu’employeur, à disposer de cette information.

Outre la charge administrative supplémentaire, la méfiance et la frustration, cette mesure continue d’encourager la philosophie du certificat médical. Qu’être malade, c’est tout ou rien. Alors que votre collaborateur malade aimerait peut-être travailler quelques heures à la maison, plutôt qu’au bureau. Une approche ambitieuse de l’absentéisme mise justement sur ce dialogue et cette confiance.

La lutte contre l’absentéisme commence par une relation à la fois professionnelle et chaleureuse

Confiance et accords clairs vont de pair, et constituent la base d’une relation à la fois professionnelle et chaleureuse entre l’employeur et le travailleur. Montrez un véritable intérêt pour le bien-être de vos collaborateurs. Non seulement en cas de maladie, mais aussi lorsque chacun est à son poste.

Cette relation de confiance, à son tour, permet une communication ouverte, de sorte que vos collaborateurs osent aussi aborder des questions sensibles avec vous. Utiliser ces moments pour rechercher ensemble une solution vous permet de réduire, voire d’éviter l’absentéisme.

De vraies solutions sur la table

Vous n’êtes pas seul. Vous pouvez compter sur le soutien de votre service de prévention externe. C’est d’ailleurs la leçon que j’ai tirée aux Pays-Bas : une intervention multidisciplinaire rapide a un impact important sur la durée de l’absentéisme. Chez nous, il reste encore du travail à faire dans ce domaine. La collaboration entre le médecin traitant et le médecin du travail pourrait ainsi être nettement améliorée.

J’ai commencé cet article avec des chiffres hallucinants. Et vous avez peut-être l’impression, tout comme de nombreux autres employeurs et supérieurs hiérarchiques, de vous trouver face à une montagne. Rien n’est moins vrai. Si vous osez vous fixer des objectifs et faire preuve d’ambition, vous serez en mesure de déplacer des montagnes. Et si nous nous y mettons tous, nous finirons par avoir un impact social important.