Selon une enquête réalisée par Mensura et Certimed, 7 travailleurs sur 10 se sentent à l'aise pour parler avec leur supérieur hiérarchique ou une personne de confiance au travail. C'est un chiffre plutôt positif en soi, pourtant tous les sujets ne sont pas aussi faciles à aborder. Sur ces 70 %, une grande majorité a indiqué pouvoir facilement discuter de sujets liés au travail avec l'employeur. En revanche, cette facilité diminue lorsqu'il s'agit d'aborder des problèmes familiaux (54 %), des motifs d'absence non médicaux (50 %) ou la santé mentale (47 %). Le stress et la pression au travail ne sont pas non plus toujours faciles à aborder : pas moins de 4 Belges interrogés sur 10 disent ne pas arriver à en parler avec leur employeur.

Développer une relation de confiance

Il est néanmoins important que les employeurs établissent une relation de confiance avec les travailleurs, et ce, afin que tous les sujets puissent être abordés. Bart Teuwen, expert en absentéisme chez Certimed et Mensura : « Tant les employeurs que les travailleurs pensent souvent que les difficultés familiales ou mentales font partie de la vie privée et ne peuvent être abordées au travail. Or, ces problèmes sont souvent à l'origine de l'absentéisme - de longue durée - au travail. Il est donc essentiel que les organisations établissent une relation de confiance entre employeurs et travailleurs, permettant d'aborder tous les sujets. »

« Le supérieur hiérarchique peut être un tremplin vers des solutions concrètes. Il peut prêter une oreille attentive au travailleur, mais aussi soulager son stress au travail par le biais d'adaptations temporaires. De cette manière, il contribuera à prévenir le décrochage des travailleurs en raison de problèmes psychosociaux ou privés, ou fournira un meilleur soutien si ces difficultés se présentent malgré tout. Il convient non seulement de discuter des problèmes, mais aussi d'afficher régulièrement un véritable intérêt pour le bien-être des membres de votre équipe. C'est ainsi que vous construirez une relation où les deux parties tiennent compte l'une de l'autre », ajoute Bart Teuwen.

Premiers secours en santé mentale

De nombreux responsables ont du mal à aborder des sujets plus sensibles et personnels tels que la santé mentale avec leurs travailleurs.

Bart Teuwen : « Ce n'est pas parce que vous exercez une fonction dirigeante que vous osez ou savez comment aborder des sujets aussi sensibles. C'est pourquoi il est utile d'offrir aux responsables l'espace et le soutien nécessaires pour se développer dans ce domaine. Cela peut se faire, par exemple, par le biais d'une formation sur la façon de mener un entretien sur l'absentéisme ou d'un cours sur les 'premiers secours en santé mentale', qui leur apprend à identifier les signaux d'alarme psychosociaux et leur enseigne les techniques d'entretien. L'employeur n'est pas un psychologue, mais plutôt un détecteur de fumée capable de repérer les signaux et d'orienter à temps les travailleurs vers un prestataire de soins. »

Apprendre à parler autrement de l'absentéisme

De même en ce qui concerne les motifs d'absentéisme, une discussion ouverte entre l'employeur et le travailleur s'avère souvent difficile à lancer dans la pratique. 46 % des travailleurs préfèrent que leur supérieur hiérarchique ne les interroge pas sur la raison de leur absence, et un tiers ne donne pas la véritable raison de l'absence lorsqu'il s'agit de circonstances familiales ou de l'ambiance au travail.

Bart Teuwen : « Les travailleurs tiennent clairement à leur vie privée dans ce domaine, et c'est leur droit. Mais, pour les employeurs, cela ne devrait pas être une excuse pour ne pas entamer de discussion avec le travailleur qui décroche. Il est important de manifester de l'intérêt pour le bien-être du travailleur, de discuter avec lui afin de savoir s'il souhaite et peut encore être employable d'une manière ou d'une autre, et de voir comment il peut être soutenu dans ce sens. Vous pouvez parfaitement le faire sans aborder les causes de l'absentéisme. »